La menace de dommages et intérêts : l'épée à double tranchant de la protection juridique d'urgence
Une injonction provisoire (EV) est l'arme la plus rapide en matière de droit des marques ou de droit de la concurrence. Elle permet souvent d'arrêter un présumé contrevenant dans les 24 heures, sans que celui-ci ne soit entendu au préalable.
C'est particulièrement incisif lorsque la décision est accompagnée d'une SéquestrationLe fait que les marchandises soient enlevées de l'entrepôt est lié à l'obligation de mise en garde judiciaire immédiate et d'enlèvement de l'ensemble des marchandises.
Mais que se passe-t-il si cette victoire rapide s'avère être une erreur par la suite ? L'activité commerciale a été stoppée, les marchandises sont retirées du marché, la réputation est entachée. Pour l'adversaire, le préjudice a déjà été subi.
C'est là qu'intervient § 945 du code de procédure civile (ZPO). Cette disposition est le filet de sécurité financier de l'État de droit pour le défendeur - et en même temps le plus grand risque financier pour le demandeur. Cet article explique quand l'article 945 ZPO s'applique, quels dommages peuvent être indemnisés et comment faire valoir la demande.
Ce qui rend l'article 945 ZPO si dangereux : la responsabilité sans faute
La caractéristique décisive de l'article 945 ZPO est la responsabilité sans faute. On parle également de responsabilité purement objective.
Contrairement aux demandes d'indemnisation normales, il n'est pas important que le demandeur savait ou aurait dû savoirque sa demande n'était pas fondée. Le fait qu'il ait agi "de bonne foi" n'a aucune importance.
Le simple fait qu'une injonction ait été obtenue et exécutée, qui s'avère être objectif se révèle erronée, engage la responsabilité. Le demandeur est responsable du "risque d'exploitation" qu'il a mis en marche en demandant la mesure d'urgence, et non d'une faute commise lors de la demande.
Quand une injonction est-elle considérée comme "injustifiée" ?
L'action en vertu de l'article 945 ZPO suppose que l'ordonnance de référé s'avère "injustifiée dès le départ". Cette condition est remplie dans plusieurs cas :
Cas 1 : La procédure au fond est perdue
Il s'agit du cas d'application classique. Le défendeur (le contrefacteur présumé) gagne le procès final (procédure au fond) parce que le tribunal décide qu'il n'y a pas eu de contrefaçon de la marque ou même que la marque du demandeur est déclarée nulle.
La procédure au fond "corrige" ainsi la décision urgente erronée.
Cas 2 : l'AP est annulée dans le cadre de la procédure d'opposition
Le défendeur fait opposition à l'ordonnance. Après une audience, le tribunal conclut que l'ordonnance doit être annulée, par exemple parce que le défendeur a fourni de meilleures preuves ou que les arguments du demandeur étaient incomplets.
Cas 3 : Absence d'urgence
Ce cas est insidieux : le demandeur avait peut-être sur le fond droit, mais il a attendu trop longtemps après avoir pris connaissance de la violation pour faire sa demande ("auto-réfutation de l'urgence"). L'urgence étant une condition obligatoire de l'AP, celle-ci était irrecevable dès le départ et donc "injustifiée".
Quel est le préjudice indemnisable ? (L'étendue du droit)
Le principe est le suivant : le défendeur doit être placé par les dommages et intérêts dans la même situation que si l'injonction avait été exécutée. jamais ont été adoptées et exécutées.
Les dommages indemnisables comprennent notamment
- les frais d'avocat : L'intégralité des coûts de la défense contre l'injonction (acte de protection, procédure d'opposition, honoraires d'avocat).
- Coûts engendrés par la séquestration : Si un séquestre a été ordonné, le demandeur est responsable des frais de l'huissier, de l'enlèvement des marchandises, des frais de stockage coûteux chez le transporteur et souvent aussi de la perte de valeur ou de la détérioration des marchandises pendant leur conservation.
- Manque à gagner : Le bénéfice dont il est prouvé qu'il a été perdu en raison de l'arrêt de la vente ou, dans le cas d'un séquestre, de la perte totale des marchandises.
- Dépenses inutiles : Coûts directs rendus vains par l'injonction. Les exemples incluent les coûts de destruction de marchandises, les rappels de produits ou les stands d'exposition déjà payés qui n'ont pas pu être utilisés.
- Dommages à la réputation : Ce poste est le plus difficile à chiffrer, mais il est envisageable s'il est prouvé que des partenaires commerciaux se sont désistés en raison de l'injonction (ou de l'attention portée par l'huissier).
Important : le dommage doit être causal par la Exécution de la décision, et non pas seulement de son adoption.
Le procès : comment faire appliquer l'article 945 du Code de procédure civile ?
Les dommages et intérêts ne sont pas fixés automatiquement par le tribunal. L'(ancien) défendeur doit présenter activement sa demande dans un des procédures judiciaires distinctes - une action en dommages et intérêts indépendante.
Dans ce nouveau procès, la charge de la preuve incombe entièrement à la victime : elle doit prouver non seulement le lien de causalité, mais surtout la Hauteur de son préjudice (par exemple, le manque à gagner). Dans la pratique, il s'agit souvent du principal obstacle.
Il convient également de noter que le délai de prescription normal est de trois ans à compter de la connaissance de la réclamation.
Prévention : comment les demandeurs minimisent le risque de responsabilité
Toute personne demandant une injonction devrait être consciente du risque prévu par l'article 945 ZPO et le gérer activement :
- Examen minutieux : La réclamation est-elle "étanche" ? Les preuves (achats tests, expertises) sont-elles claires ?
- Préserver l'urgence : Ne pas hésiter après avoir pris connaissance de la violation. Si vous attendez des semaines, vous risquez de voir l'injonction annulée pour la seule raison qu'elle n'est pas urgente.
- Évaluation des risques : L'avantage d'un arrêt rapide vaut-il le risque financier ? En particulier, la demande de Séquestration doit être extrêmement bien réfléchie, car elle augmente considérablement les demandes d'indemnisation potentielles. En cas de doute, une action directe au fond peut être la voie la plus sûre, bien que plus lente.
- Dépôt de garantie : Parfois, le tribunal ordonne de lui-même au demandeur de déposer une garantie (par exemple une garantie bancaire). Celle-ci sert explicitement à garantir les demandes potentielles de l'article 945 ZPO.
Conclusion
§ L'article 945 ZPO est le correctif nécessaire et équitable à l'épée tranchante de l'injonction.
Pour les demandeurs, il constitue un sérieux avertissement : une AP n'est pas un "ballon d'essai". Une demande non fondée, en particulier avec séquestration, peut être extrêmement coûteuse, même si vous avez agi "de bonne foi".
Pour les défendeurs, il s'agit d'une opportunité importante : celui qui a été injustement stoppé par une mesure d'urgence n'est pas sans défense et peut demander une compensation complète pour le préjudice subi.
FAQ - Foire aux questions sur l'article 945 ZPO
Que signifie "responsabilité sans faute" dans le cadre de l'article 945 ZPO ? Cela signifie que le demandeur est responsable, même s'il ne savait pasque sa demande était erronée. Le simple fait que l'AP était objectivement injustifiée suffit à engager sa responsabilité.
L'article 945 du ZPO s'applique-t-il aux frais de séquestre ? Oui, absolument. Les frais occasionnés par un séquestre injustifié (transport, stockage, perte de valeur des marchandises) constituent justement un cas d'application principal des demandes de dommages et intérêts en vertu de l'article 945 ZPO et font souvent grimper le montant des dommages et intérêts de manière considérable.
Dois-je payer immédiatement les dommages et intérêts en vertu de l'article 945 ZPO ? Non. Le droit ne naît qu'après l'annulation définitive de l'AP. L'adversaire doit alors vous poursuivre en paiement (généralement par une action séparée) et prouver son préjudice.
Quels sont les frais les plus courants dans le cadre de l'article 945 ZPO ? Les plus fréquents sont les frais d'avocat pour la défense contre l'injonction injustifiée et, s'il y a eu séquestration, les frais de stockage et de transport et la valeur des marchandises saisies. Pour les entreprises de production, le manque à gagner est également un poste très élevé.
L'action en vertu de l'article 945 ZPO est-elle prescrite ? Oui, le droit est soumis à la prescription régulière de 3 ans, à compter de la fin de l'année au cours de laquelle le droit est né. et la victime en a pris connaissance (donc généralement à partir de la levée de l'AP).
Avez-vous vous-même été confronté à une injonction ou envisagez-vous de déposer une demande ? En raison des risques financiers considérables, un conseil professionnel est indispensable. Contactez-nous pour une première évaluation approfondie de votre cas.







