La décision de la Cour fédérale des brevets sur la marque "NPD
Le parti d'extrême droite "Die Heimat", successeur du Parti national-démocrate d'Allemagne (NPD) désormais interdit, a subi une défaite juridique devant la Cour fédérale des brevets (BPatG). Le tribunal a décidé que la tentative du parti de faire enregistrer son ancienne dénomination "NPD" comme marque verbale était illégale. La raison : la marque est contraire aux bonnes mœurs et est donc exclue de l'enregistrement en vertu de l'article 8, paragraphe 2, point 5 de la loi sur les marques (MarkenG).
La décision a été prise par décision du 1er décembre 2024 (référence 28 W (pat) 54/22) et souligne une fois de plus que le privilège des partis politiques protégé par la Loi fondamentale n'est pas sans limites.
Le contexte : demande auprès du DPMA et rejet
En avril 2022, "Die Heimat" avait tenté de faire enregistrer l'abréviation "NPD" - autrefois synonyme du Parti national-démocrate d'Allemagne - comme marque verbale auprès de l'Office allemand des brevets et des marques (DPMA). La marque devait être protégée de manière globale et s'appliquer à de nombreuses classes de produits et de services, notamment les médias numériques, les produits en papier, les produits en verre et en porcelaine, les vêtements, les jouets, les bières, le tabac ainsi que la publicité et les productions de divertissement.
Le site DPMA a rejeté la demande par décision du 22 août 2022. L'autorité a fait valoir que la marque était contraire à l'article 8, paragraphe 2, point 5, de la loi sur les marques, car elle portait atteinte à "l'ordre public ou aux bonnes mœurs". La partie a fait appel de cette décision - sans succès.
La décision du BPatG en détail
La Cour fédérale des brevets a confirmé l'avis de l'Office allemand des brevets (DPMA) et a clairement expliqué dans ses motifs pourquoi la marque "NPD" n'était pas enregistrable. Le signe "NPD" porterait gravement atteinte à la sensibilité politique et morale d'une partie importante de la population. Cela vaut aussi bien pour les "consommateurs moyens normalement informés" qui entrent en contact avec les produits ou services de la marque que pour les clients commerciaux et même pour ceux qui rencontrent le signe par hasard dans leur vie quotidienne.
Il convient de souligner en particulier la constatation du tribunal selon laquelle une telle marque serait problématique non seulement au niveau politique, mais aussi dans l'environnement de consommation quotidien. L'abréviation "NPD" est indissociable des objectifs anticonstitutionnels et méprisants de l'ancien parti. Un enregistrement en tant que marque porterait donc atteinte aux valeurs fondamentales de la société et à l'ordre public.
Privilège des partis politiques et protection des marques : les limites de l'ordre constitutionnel
L'arrêt met en évidence le fait que le privilège des partis politiques prévu par la Loi fondamentale protège certes la création et les activités des partis, mais qu'il ne sert pas à accorder aux organisations anticonstitutionnelles ou à leurs symboles un accès illimité aux droits de protection. L'enregistrement d'une marque telle que "NPD" pourrait être perçu comme une légitimation ou une normalisation d'idéologies anticonstitutionnelles - un résultat contraire à l'ordre juridique.
Conclusion
Par sa décision, la Cour fédérale des brevets a envoyé un signal clair contre la propagation des idéologies d'extrême droite. La tentative de protéger l'abréviation "NPD" en tant que marque a échoué en raison des valeurs fondamentales de l'ordre social et des limites juridiques de la loi sur les marques. Cela souligne le fait que le droit à la protection des marques n'est pas supérieur aux principes de la dignité humaine et de la démocratie. La décision de la BPatG envoie un message clair : aucun espace ne doit être accordé dans l'environnement commercial et social à des symboles et des termes qui représentent des idéologies qui méprisent la dignité humaine.








